dimanche 27 mai 2007

Trois enterrements (The Three Burials of Melquiades Estrada) de Tommy Lee Jones


Trois enterrements est le premier long-métrage réalisé par Tommy Lee Jones (TLJ). L'acteur passe derrière la caméra, et pour ne rien vous cacher, l'essai est réussi ! Ce film fut récompensé par deux fois au festival Cannes 2005 : prix d'interprétation masculine pour TLM, et prix du scénario pour Guillermo Arriaga (21 grammes et Amours chiennes et depuis Babel). Ce n'est là, effectivement, pas une preuve d'autorité, mais remarquons que cette fois le ''gratin'' du festivaaaaallll avait vu juste !

Nous sommes au Texas, ses cowboys, ses lassos, son soleil... ce jour où Pete Perkins (joué par TLJ) est convoqué par la police pour identifier le corps de son meilleur ami Melquiades Estrada, (interprété par Julio César Cedillo). Melquiades était un mexicain clandestin ; malgré cette situation délicate, il essayait de s'intégrer au mieux. A vrai dire, c'était un 'bon gars'', honnête, gentil. Il était berger, et on ne sait pas pour quoi, il s'est fait abattre ; on l'a retrouvé près de ses chèvres dans la sierra.

Nous sommes au Texas, ses cowboys, ses lassos, son soleil... ce jour où Mike Norton (Barry Pepper), jeune policier des frontières, rustre et antipathique, scrute l'horizon afin de traquer les clandestins. Soudain un coup de feu ! Il pense qu'on lui tire dessus, riposte, tue l'assaillant.

Ce jour-là Mike n'avait pas d'assaillant face à lui, c'était juste Melquiades qui tirait sur un coyote pour protéger son élevage. Ce jour-là Melquiades, reçut une ''mauvaise'' balle d'un jeune policier des frontières.

Face à la nouvelle Pete va tout tenter afin de retrouver le tueur de Melquiades. La police, au courant de la bavure, cherche à étouffer l'affaire. Sa devise scandée par son représentant Belmont (Dwight Yoakam) : « on ne veut pas d'emmerdes ». Pete va néanmoins apprendre l'identité de l'assassin et va commencer une longue marche : faire comprendre à Mike toute la teneur de son erreur.

Une longue marche, celle d'un enterrement, celui de Melquiades qu'il va falloir ramener au Mexique. Il avait fait promettre à Pete de l'enterrer là-bas s'il venait à mourir. Pete le sait : une promesse à un mort, ça ne se trahit pas. Il embarque Mike avec lui (ou plutôt le kidnappe) et va le forcer à aller enterrer Melquiades avec lui. Une longue marche dans la sierra, celle d'une pénitence, celle de Mike.

C'est là toute l'histoire : un bourreau devient une victime. Celui qui a perdu son ami, victime orpheline en quelque sorte, devient bourreau. L'histoire d'un homme qui est poussé à expier, à aller au purgatoire. C'est là un point fort de ce film, cette alternance, servie par un jeu sans faille de TLJ et de Pepper. L'un joue avec froideur et solennité le rôle de ''l'expiateur'' (le néologisme est de rigueur) ; l'autre avec souffrance et désespoir le rôle de ''l'expiant''. Une froideur ne donnant jamais aucun écho miséricordieux à la souffrance ; solennité ne prêtant jamais aucune attention au désespoir. TLJ avec son visage vieillissant parvient à donner à ce personnage toute sa teneur et sa force. Pepper, le visage encore jeune et le corps puissant insuffle à son personnage une rage plaintive, désespérée et toujours vive.



Alternance se déroulant dans ces décors du sud des Etats-Unis où seules les montagnes et le désert peuvent vous fournir un horizon. Horizon aride, sec, où la sueur n'a pas le temps de naître. Terre destinée à la rédemption, où la marche même est une souffrance.


Si ce film touche, c'est bien par toute l'humanité de ses personnages. Pete est le rédempteur motivé par la loyauté envers un défunt ami, qui ne tuera jamais sa victime mais qui la poussera à bout afin qu'elle expie. Mike est la brebis galeuse, l'homme dans ses plus mauvais travers, mauvais mari, pas très courageux, un assez sale bonhomme en somme. Les deux se confrontent, le bon inflige au mauvais une souffrance qui doit le purger lui, et réhabiliter Melquiades au-delà de la mort. Il faut à cet homme un enterrement décent ; il ne faut pas l'oublier, la tombe est la dernière demeure. Cet homme tué par erreur, que personne ne cherche à pleurer (mis a part Pete), dont personne ne souhaite entretenir le souvenir alors qu'il était un brave gars. C'est bien cela aussi qui fait mouche dans Trois enterrements, cette humanité qui ne « veut pas d'emmerdes », qui nous révolte, mais à laquelle nous adhérons tous par moments. On se retrouve donc dans chacun de ces personnages avec plus ou moins de fierté.

On pourrait évoquer aussi la bande-son à la fois texane et se tamisant parfois pour laisser la place au son du vent fouettant les montagnes de la sierra.

Avant d'entrer dans la répétition élogieuse, je vous cède, comme le veut la coutume, la bande-annonce.

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