dimanche 6 janvier 2008

Le silence chez Michel Foucault - I



A l'instar de l'ami Systar qui nous avait proposé un bien intéressant travail sur Husserl, je vous propose à mon tour une légère réflexion sur Foucault. Meilleurs voeux.


Il peut sembler étrange de vouloir interroger l'espace du silence. Dès le début de l'investigation, naît une angoisse : le champs que l'on souhaite parcourir ne nous dira peut-être rien. Il est une crainte pour la parole, qui risque de s'y perdre ou bien de se condamner au soliloque. Cependant l'examiner en suivant l'oeuvre de Michel Foucault, ne nous pousse qu'un peu plus à tendre l'oreille vers ce domaine qui ne devrait rien dire. Si le silence accède bien à un statut nouveau avec ce philosophe, c'est avant tout parce qu'il n'est plus pensé comme simple vacuité de sens ou de parole. En orientant sa réflexion en direction des positivités1, il n'eut d'autres choix que de considérer le silence comme tel, comme un fait bel et bien présent. Dès lors, le silence existe bel et bien, détient son poids ontologique. Comment cet espace muet vient-il à se manifester, lui qui ne peut, analytiquement, rien dire ? Tout d'abord, il se dévoile indirectement par son rôle sur l'espace de la parole comme frontière au-delà de laquelle tout langage est voué à l'échec. Il apparaît aussi en examinant toutes les potentialités du langage, tout ce qui aurait pu se dire et qui s'est tu, voué à errer dans les limbes du mutisme. Qu'en déduire ? Le silence est-il condamné à une ontologie strictement négative, comme un ensemble de privations ? Assurément pas, car chacune de ses mutations norme le champs des modalités du dire, aussi bien dans ses conditions de possibilités, que dans sa permissibilité. De plus, au creux même du silence peut se loger du sens, signification tue au coeur du manifeste.

Si le silence n'est plus relayé à un simple vide, et que sa présence est manifeste, cela n'exempte pas l'analyse de quelques difficultés. Retrouve-t-on, sous l'unité nominale, une autre effective ? La seule qui semble pouvoir se dégager est géographique, autrement dit, l'unique unité effective visible est celle de ce vaste espace qui se tient au-delà d'une frontière, laquelle est peut-être à elle seule, cet espace. Mais cette dernière trouble, elle ne cesse de changer, elle a un caractère intrinsèquement protéiforme. En plus de ces premières difficultés ressenties, poser un pas derrière cette étroite ligne ne peut se faire qu'avec prudence : il faut se garder de faire parler ce qui n'a proprement rien à dire.


A suivre...



1Entendons par là l'ensemble des éléments et strates empiriques d'une époque donnée.

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